Le sport. Ce domaine relie les six membres de notre groupe. Nous apprécions toustes l’ambiance générée par cet univers, nous adorons les émotions suscitées grâce à cette sphère et nous aimons l’engouement provoqué par les rencontres sportives. Certes, nous avons toustes un attrait pour une discipline en particulier, mais notre amour pour le sport nous réunis autour d’une spécificité : le football, sport qui a comptabilisé plus de 47 000 licenciés en Gironde en 2023, selon le district de football du département.
Le choix du sujet & de l’angle
Par dessus-tout, nous affectionnons les sujets sociétaux qui gravitent autour de cette discipline. C’est dans cette optique que nous avons choisi notre sujet pour notre enquête data : foot et risque de pollution (terrains à proximité de routes à fort trafic, d’installations industrielles, présence de billes en caoutchouc sur les terrains synthétiques), quels enjeux de santé publique ? Ainsi, nous avons décidé d’enquêter sur les risques pour la santé des joueur·euses qui pratiquent le football sur des terrains dans la limite de la rocade bordelaise. Un angle s’est alors dégagé : la pratique du football sur des terrains intra-rocade bordelaise, impacte-elle la santé des joueur·euses ? Y a-t-il des catégories de populations davantage touchées ?
Par ailleurs, la Commission européenne a pris la décision, en 2023, d’interdire les terrains synthétiques dits de “première génération”. La raison : leur composition de billes de caoutchouc issues de pneus usagés génèrent des rejets de micro-plastiques dans l’environnement. Cette actualité est devenue notre point de départ dans l’écriture de notre enquête.
Les hypothèses de départ
Nos hypothèses de départ sont les suivantes :
-il y a la proximité des terrains de football extérieurs avec des zones de pollution élevée (axes routiers, usines, champs avec des traitements phytosanitaires)
-il y a la multiplication des terrains de football extérieurs synthétiques de première génération qui entraîne une présence importante de billes noires en caoutchouc
-mais il y a aussi l’exposition à ces facteurs et donc des risques pour la santé des joueur.euses qui évoluent en fonction de l’heure à laquelle iels pratiquent cette discipline et de la localisation des terrains
La méthodologie pour recenser l’ensemble des terrains
Lors de cette enquête, notre base de données s’est appuyée sur une méthodologie précise. Les terrains étudiés sont : extérieurs, rectangulaires, avec deux buts de football face à face. La surface quand à elle peut être soit en gazon, en gazon synthétique ou en stabilisé. La longueur de ces espaces est au minimum de 50 mètres, soit un demi terrain. Ces terrains de football sont situés au sein de différentes villes de la métropole bordelaise : Bègles, Bordeaux, Bruges, Cenon, Eysines, Floirac, Le Bouscat, Lormont, Mérignac, Pessac, Talence, Villenave d’Ornon, Bassens, Artigues-près-Bordeaux, Bouliac, Gradignan, le Haillan, Latresne. Le choix de ces communes nous permet de travailler sur des terrains se situant à l’intérieur de la rocade bordelaise, mais également à deux kilomètres au maximum de cette dernière. En faisant nos recherches, nous sommes tombés à de nombreuses reprises sur des terrains ne répondant pas à nos critères. Nous avons ainsi dû cibler nos recherches.
Le jeu de données constitué
Notre travail s’est appuyé sur le jeu de données “Base Equipement Sportif” du ministère des Sports. Ce jeu recense tous types d’équipements sportifs en France. Toutefois, il n’est pas exhaustif. Selon l’équipe en charge de ce recensement que nous avons contactée par mail, “la base DATA ES repose sur les déclarations des propriétaires des équipements sportifs, selon l’article L312-2 du Code du sport : « Tout propriétaire d’un équipement sportif est tenu d’en faire la déclaration à l’administration en vue de l’établissement d’un recensement des équipements”. Ce qui signifie que certains équipements peuvent temporairement ne pas apparaître dans la base s’ils n’ont pas encore été déclarés. » Cela nous montre que cette base de données n’est pas complète. C’est effectivement ce que nous avons constaté, puisque de nombreux terrains étaient mal répertoriés. Nous avons donc croisé ces données avec Google Maps et Google Street View, où alors, nous nous sommes directement déplacés sur place. C’est de cette manière que nous avons pu vérifier chaque terrain.
Nous avons rectifié les erreurs une à une, mais également ratissé les villes que nous étudions pour contrôler si des terrains manquaient à notre liste pour notre tableau. Nous avons ajouté plusieurs dizaines de terrains. Pour croiser encore ces données et confirmer nos recherches, nous nous sommes rendus sur les différents sites internet des complexes sportifs qui validaient – ou non – nos informations. Nous avons également communiqué avec plusieurs mairies qui nous ont fourni des informations plus précises. La complexité de notre recherche à pu s’illustrer lorsque la base de données ES, les informations des sites des complexes sportifs, ainsi que Google Maps, nous donnaient des chiffres tous différents. Dans ce cas, il a été nécessaire de nous rendre sur le terrain comme nous l’avons fait à Floirac au Complexe Joseph Sarthoulet de la Burthe ou encore à Bègles au stade Serge Duhourquet.
Toutefois, grâce à nos recherches nous avons pu constituer et affiner un jeu de données précis de 148 terrains de football. Ce travail nous permet de constituer une base qui se veut exhaustive recensant chaque terrain, sa localisation ainsi que sa surface (synthétique, herbe ou stabilisé). Concernant les terrains synthétiques, notre base de données détaille s’ils sont d’une ancienne génération, davantage polluante, ou issus de la nouvelle génération. Pour déterminer leur génération, nous nous sommes appuyés sur plusieurs sources : les sites des mairies concernées et leur réponses à nos mails ; des articles de journaux annonçant la rénovation de certains terrains, les documents des marchés publics sur les appels d’offre (disponibles sur le site BOAMP) ; ainsi que sur un nuancier qui répertorie toutes les types de billes synthétiques, que nous avons comparé avec des prises de vue aériennes de Google Maps, des prises de vue Street View et notre propre vue lorsque nous nous sommes rendus sur place.

Ainsi, nous avons construit notre propre jeu de données. Il prend forme dans un tableau :
-d’une part en ligne : on observe chaque complexe sportif présent dans les communes de bordeaux intra-rocade qui possède au moins un terrain de football extérieur
-d’une autre part en plusieurs colonnes : on indique le nom des communes qui ont au moins un terrain de football extérieur situé intra-rocade bordelaise, l’identifiant, le nombre de terrain, le revêtement de la surface, la longueur, le type de génération du terrain synthétique, l’année d’implantation du terrain synthétique, le type d’utilisation, l’accès pour entrer sur les terrains, le taux de pollution de dioxyde d’azote, les zones les plus polluées par le dioxyde d’azote à 200m du terrain, la taille des particules fines présentent dans l’air

Sans oublier l’aspect pollution qui prend également une part importante dans notre enquête. Nous avons déterminé le niveau de pollution lié à la localisation de chaque terrain en nous appuyant sur la carte de l’ATMO Nouvelle-Aquitaine. Nous avons calqué cette carte avec celle des terrains, ce qui nous a permis de voir les niveaux de pollution auxquels chacun est exposé. Conformément aux données de l’ATMO, nous avons, pour chaque terrain, documenté quatre types de pollution : le niveau d’Azote (NO2), le niveau d’Azote le plus élevé dans un rayon de 200 mètres autour de chaque terrain, le niveau de PM2,5 et le niveau de PM10, qui sont deux types de micro-particules. Le tout étant mesuré en microgrammes par mètre cubes (µg/m³). Une fois ce travail accompli, nous avons comparé ces chiffres avec les niveaux recommandés par l’OMS et ceux de la réglementation française. Pour cela, nous avons fait plusieurs tableaux croisés dynamiques en ne gardant que les valeurs de pollution supérieures aux deux niveaux cités précédemment.
L’analyse des données récoltées
Nous avons créé plusieurs tableaux croisés dynamiques nous permettant de comprendre ce que nous avions récolté. Le premier, était de savoir, sur ces 148 terrains, quelles surfaces étaient les plus présentes. En mettant en ligne le nom de la commune et du complexe sportif et en colonne le type de surface : herbe, synthétique ou stabilisé puis en valeur la surface, nous avions nos résultats. Sur notre zone géographique étudiée, 101 terrains sont en herbe (68,24%), 45 en synthétique (30,41%) et 2 en stabilisé (1,35%). Ce tableau croisé dynamique nous permet d’observer la présence majoritaire de terrains en herbe. Cela sera illustré dans un graphique circulaire.

Nous avons ensuite analysé précisément, au sein des terrains synthétiques, lesquels étaient d’ancienne ou de nouvelle génération. Ce tableau croisé dynamique a pour objectif de démontrer à quelle génération appartiennent les terrains synthétiques que nous avons étudiés. Sur les 45 terrains synthétiques : 31 étaient d’ancienne génération (68,89%) et 14 de nouvelle génération (31,11%). Cela sera illustré dans un graphique circulaire.

Puis, notre jeu de données nous a permis de déterminer si les différents terrains de la zone étudiée respectait ou non les réglementations françaises (2010) et suivaient ou non les lignes directrices de l’OMS (2021). Nous avons ainsi réalisé six tableaux croisés dynamiques :
- Les terrains qui dépassent les réglementations françaises en termes de pollution annuelle de dioxyde d’azote (NO₂) : ils sont au nombre de 6
- Les terrains qui ne suivent pas la ligne directrice de l’OMS en termes de pollution annuelle de dioxyde d’azote (NO₂) : ils sont au nombre de 91
- Les terrains qui dépassent les réglementations françaises en termes de pollution annuelle de particules fines PM10 : ils sont au nombre de 0
- Les terrains qui ne suivent pas la ligne directrice de l’OMS en termes de pollution annuelle de particules fines PM10 : ils sont au nombre de 132
- Les terrains qui dépassent les réglementations françaises en termes de pollution annuelle de particules fines PM2,5 : ils sont au nombre de 0
- Les terrains qui ne suivent pas la ligne directrice de l’OMS en termes de pollution annuelle de particules fines PM2,5 : ils sont au nombre de 125
Cela nous a permis de voir que les terrains de football de notre zone respectent, dans l’ensemble, la réglementation française. Seuls six dépassent les taux de dioxyde d’azote annuels (NO₂) et aucun pour les particules fines. Cependant, le risque pour la santé existe tout de même car de nombreux de terrains dépassent la ligne directrice de l’OMS en termes de pollution annuelle. Nous avons ensuite intégré cela sous la forme de tableaux et graphes.

La visualisation des données récoltées
-Carte de l’ensemble des terrains de football intra-rocade bordelaise
Pour comprendre au mieux notre enquête et ses enjeux, nous avons souhaité proposer une carte intéractive. Celle-ci permet de visualiser concrètement les données récoltées pour pouvoir les analyser. Sur cette carte, nous pouvons remarquer, à l’aide de trois couleurs, l’ensemble des terrains de football que nous avons recensé afin de savoir s’ils sont constitués en herbe, en synthétique ou en stabilisé.
La carte intéractive, issue de Geojson.io., recense 148 terrains qui suivent notre méthodologie. Nous avons créé des rectangles interactifs qui délimitent chacun des terrains. A chaque terrain créé, nous inscrivons un mot code dans une colonne nommée “identifiant”, comme par exemple : Jard 1, Jard 2, Jard 3… concernant le stade du Jard.
En même temps, dans notre base de données sur Google Sheets, nous inscrivons sur les lignes correspondant à ces stades ce même mot code. Ensuite, nous avons visualisé cette carte avec Flourish qui offre la possibilité d’y insérer également notre base de données. Nous avons donc combiné notre carte et nos données qui ont pu correspondre grâce à ce même mot code inscrit. Cette carte interactive nous permet de naviguer au sein des villes de la métropole bordelaise, de cliquer sur chaque terrain et de voir ses spécificités.
-Graphiques circulaires liés aux surfaces des terrains
Pour illustrer les différents types de surfaces présentes sur les terrains de football intra-rocade bordelaise, nous avons opté pour un graphique circulaire. Celui-ci permet de mettre en évidence les importantes disparités entre les différents types de terrains.
Nous avons également réalisé un second graphique circulaire spécifique aux terrains d’anciennes et nouvelles générations.
Les difficultés rencontrées au cours de la semaine
-Un jeu de données incomplet : le jeu de données provenant du ministère des Sports nommé “Data Équipement Sportifs”, qui recense tous types d’équipements sportifs en France n’est pas exhaustif. Après plusieurs analyses et vérifications, nous avons remarqué que de nombreux terrains de football qui répondent à nos critères de désignation, n’apparaissent pas dans cette base de données. Nous avons donc fait des recherches pour compléter et trier ce jeu de données.
-Incohérences pour le recensement des terrains : afin de parfaire le jeu de données issus du ministère des Sports, nous avons donc réalisé des recherches. Cependant, des problématiques sont nées. En effet, nous avons remarqué des incohérences à travers plusieurs sources pour le recensement des terrains (Etat, mairie, Google Street View).
-Les études scientifiques : peu d’études sur notre sujet d’enquête ont été réalisées et celles publiées se contredisent quelquefois lorsque les effets sur la santé des joueur.euses sont évoqués.
-Quantifier la pollution de l’air : nous n’avons trouvé aucune donnée précise pour mesurer la pollution de l’air présente autour des terrains de football. En effet, la carte de pollution annuelle n’est pas véritablement détaillée, nous pouvons seulement nous référer à une légende colorée qui indique différentes fourchettes. Nous avons donc fait appel à Nathan Perrin, ingénieur en modélisation à l’ATMO Nouvelle-Aquitaine, pour avoir davantage de précisions.
-Connaître les terrains synthétiques de première ou deuxième génération : cette donnée n’était pas mentionnée dans le jeu de données issus du ministère des Sports. Plusieurs options se sont ouvertes à nous pour déterminer quels sont les terrains synthétiques de première ou deuxième génération. Pour obtenir ces informations, nous avons contacté chaque mairie, nous avons aussi trouvé des articles qui ont évoqué les rénovations de ces terrains, puis, nous avons également utilisé l’IA avec l’aide des logiciels “Grok” et “ChatGPT” et de la fonction deepsearch, ensuite, nous avons trouvé un nuancier sur “Realsport.ch”, un site professionnel de gazon synthétique, qui répertorie l’ensemble des billes synthétiques, et grâce à celui-ci, nous avons pu comparer les couleurs des terrains synthétique sur Google Maps avec celles du nuancier, et enfin, pour les terrains où nous n’avons pas réussi à acquérir des informations, nous nous sommes déplacés et avons analysé de nos propres yeux les terrains synthétiques.
Les sources utilisées
Les interlocuteur·ices
-Jean Berthelot : joueur et coach de football en équipe féminine et ancien journaliste sportif
-Guillaume Ricotta : vice-président administratif et trésorier du FC Talence et responsable de la Commission environnementale du club
-Sophie Rondeau : adjointe chargée de la transition écologique et des espaces verts à la mairie de Talence
-Ludovic Dubuc : entraîneur principal de l’équipe masculine sénior R2 du FC Talence
-Antoine Renon : joueur de l’équipe masculine séniors R2 du FC Talence
-Sumo Anderson : joueur de l’équipe masculine séniors R2 du FC Talence
-Dorian Rousseau : joueur de l’équipe masculine séniors R2 du FC Talence
-Evandro Tavares : joueur de l’équipe masculine séniors R2 du FC Talence
-Davy Debenne : entraîneur principal de l’équipe féminine séniors R1 du FC Talence
-Floria Thebault : joueuse de l’équipe féminine séniors R1 du FC Talence
-Elouen Massot : préparateur physique au FC Lorient, spécialisé dans les questions de charges physiques et de croissance chez les jeunes joueur.euses de footbal
-Fleur Delva : docteure au Service Santé Travail Environnement – Centre ARTEMIS du CHU de Bordeaux
-Nathan Perrin : ingénieur en modélisation à l’ATMO Nouvelle-Aquitaine
Les ressources documentaires et de données
–Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine : baromètre santé environnement
–Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine : état des lieux de la santé et de l’environnement en Nouvelle Aquitaine
–Jeu de données “equipements.sports.gouv.fr”
–ISERM : Pollution atmosphérique : respirer est-il mauvais pour la santé ?
–Santé Publique France : Pollution atmosphérique : quels sont les risques ?
–ATMO : Recommandations comportementales en air extérieur associées à l’indice ATMO
–ANSES : Scientific and technical support on the possible risks related to the use of materials derived from the recycling of used tyres in synthetic sports grounds and similar uses
Le planning de la semaine

Lucie Quellard, Ana Puisset–Ruccella, Eva Zanotti, Louis Tétard, Edgar Causse et Thomas Vaillot