Inscrite dans la Constitution française le 8 mars 2024, l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) souffre encore de stéréotypes dans l’imaginaire collectif : Qui peut pratiquer l’IVG ? Quelles différences entre les zones urbaines et rurales ? Notre équipe a enquêté pour vous.
« Toutes les sages-femmes sont autorisé·es à pratiquer une IVG »
Faux. Pratiquer une IVG demande une formation spécifique et n’est pas accessible directement à toutes les sages-femmes. Comme en témoigne Léa Galinier, qui exerce comme jeune sage-femme dans un cabinet à la Teste-de-Buch : « Je ne pratique pas l’IVG, parce que je n’ai pas suivi de formation. Pour pratiquer une IVG, même médicamenteuse, il faut suivre une formation de 3 jours auprès d’un hôpital, puis être affilié à cet hôpital de secteur. » Selon Annie Carraretto, co-présidente du planning familial de la Gironde, il existe des lacunes dans le parcours de formations des médecins spécialisé·es, dont les sages-femmes : « La gynécologie est un département médical sinistré. Dans les facultés, la formation à l’IVG avait été arrêtée un temps. Ce n’est que grâce aux pressions de la base militante que cela a pu reprendre. » Ainsi, de nombreux médecins, en particulier des jeunes, n’ont pas les compétences requises pour pratiquer une IVG.
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« Les hôpitaux privés religieux ne pratiquent pas d’IVG contrairement aux hôpitaux publics »

Faux. L’hôpital de la Fondation Bagatelle localisé à Talence défend des valeurs progressistes et en faveur de l’IVG. Par exemple, les dix gynécologues-obstétricien·nes en service affirment tous·tes pratiquer l’IVG médicamenteuse et chirurgicale. À l’inverse, même si le Centre hospitalier universitaire (CHU) public Pellegrin pratique l’IVG, il est critiqué pour son manque de prise en charge et d’accompagnement des femmes souhaitant recourir à une IVG. Présidente de l’association féministe ACV2F dans le Médoc, Conchita Cimbron appuie l’importance de l’accueil des femmes ayant recours à une IVG. Cependant, les hôpitaux publics, souvent débordés, néglige cette dimension, comme en témoigne l’expérience d’une jeune femme que l’association a accompagné dans sa démarche d’IVG : « Une IVG à la maternité c’est psychologiquement très dur. C’est difficile de voir des photos de bébé partout alors que vous êtes là pour avorter. À la maternité de Pellegrin, personne ne savait où nous orienter. Dans la chambre où elle a été accueillie pour son IVG, il y avait même un landau. »
S’informer avant d’avorter, le parcours de combattante des girondines
Haby-Gaëlle Dembélé, Sofia Goudjil, Loretta Legrand, Élise Raimbaux, Sarah Rodriguez, Justine Rouillard